Le 22 novembre 2018, l’équipage du programme La Fusée par WoMen’Up s’est retrouvé pour son deuxième afterwork, une conférence au titre prometteur : Détecter ses super-pouvoirs.
C’est celui choisi par Florence Servan-Schreiber, qui se définit comme journaliste, autrice, conférencière et, … professeure de bonheur.
Qu’est-ce que la psychologie positive ?
Pendant longtemps, la psychologie s’est intéressée aux problèmes psychologiques et à leurs solutions. Travail effectivement indispensable, mais partiel. Personne ne s’était demandé ce qui pouvait nous aider à mieux vivre psychiquement. Il y a 20 ans, c’est la question que s’est posée Martin Seligman, pionnier de la psychologie positive, chercheur en psychologie positive et
professeur à l’université de Pennsylvanie. Cette psychologie préventive consiste à déterminer ce que l’on peut faire pour se préparer aux obstacles d’une vie, et ainsi éviter de potentiels problèmes
psychologiques futurs. La psychologie positive est un domaine de recherche d’informations, une somme de données à partir desquelles on peut choisir d’appliquer certains comportements pour
mieux vivre. Posons-nous d’ailleurs la question : quelle est la partie de moi que j’ai envie de connaître ? Celle qui va bien, évidemment !
Mettons les choses au clair dès maintenant : la psychologie positive n’est pas à confondre avec la pensée positive, qui consiste à se dire que tout va bien même si ce n’est pas le cas.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le bonheur n’est pas le contraire du malheur. Ces deux états co-existent forcément, car l’un n’existe pas sans l’autre. Nous devons accepter ces
variations, car nous avons la capacité à éprouver des choses formidables ET des choses épouvantables. En revanche, le contraire du bonheur est l’apathie, c’est-à-dire le fait de ne plus
ressentir, de se sentir coincé·e, qui se rapproche d’un état dépressif.
Qu’est-ce qui fait qu’une personne est heureuse ? Comment savoir si l’être humain est destiné à être heureux ou malheureux ? Une étude a été faite aux Etats-Unis pour essayer de trouver une réponse à cette question. Des jumeaux et jumelles monozygotes qui avaient été séparé·es dans des familles différentes à la naissance ont été interrogé·es sur leur niveau de bonheur. Le questionnaire était auto-déclaratif et les participant·es ont évalué sur une échelle de 1 à 10 différents aspects de leur vie. Alors que les jumeaux et jumelles avaient des vies complètement différentes, les réponses étaient quasiment identiques entre les jumeaux et entre les jumelles. La conclusion était la suivante : la capacité à être heureux·se est déterminée exclusivement par des paramètres génétiques. C’est là qu’interviennent des chercheur·ses en psychologie positive. Ces chercheur·ses ont mis en évidence que les paramètres génétiques (un gène responsable des neurotransmetteurs) ne compte que pour 50% dans l’atteinte du bonheur. C’est rassurant, cela signifie qu’on a du pouvoir sur notre état ! Les conditions extérieures telles que l’argent, les possessions matérielles et les voyages ne comptent que pour 10% dans l’atteinte du bonheur. Les 40% restants sont déterminés par la façon dont nous interprétons ce que vous vivons. Ce qui est important n’est donc pas ce qui nous arrive, mais ce que nous en faisons. Les personnes les plus heureuses subissent des revers, mais au lieu d’avoir l’impression de reculer, elles ont l’impression d’avancer, malgré l’adversité. Pour mieux réagir aux événements, encore faut-il se connaître Se connaître est indispensable. Si on se connaît mieux, on prend de meilleures décisions et on a plus de chances de trouver ce qui nous fait vibrer. Mais mieux se connaître n’est pas chose aisée. Florence Servan-Schreiber nous conseille de faire un test. Le test « Survey », créé par des chercheur·ses, est disponible sur le site www.viame.org.
L’objectif ? Faire ressortir ses forces de caractère. Il en existe 24, qui sont classées suite à ce questionnaire d’une vingtaine de minutes. Ce qui compte, ce sont les premières qualités, et non les
dernières ! Ces qualités sont nos super-pouvoirs qui vont nous aider à faire des choses incroyables. Ce test ne sera peut-être pas une découverte pour vous et c’est plutôt rassurant ! Il n’est pas fait
pour nous surprendre, c’est un reflet positif de ce qu’on est. Florence nous a également parlé de l’expérience optimale, émanant d’un chercheur hongrois. L’expérience optimale est le moment pendant lequel on se sent le mieux :
– Quand on engage ses compétences (quand on fait quelque chose qui a un bon niveau de difficulté, qui n’est ni trop facile, ni trop difficile)
– Vers un objectif (qui est porteur de sens)
– Suite auquel on aura un feedback (je sais à qui ça sert).
L’expérience optimale engendre une concentration telle qu’on perd la notion de soi, la « petite voix » qui fonctionne sans cesse s’arrête : nous sommes complètement à notre tâche et nous ne voyons pas le temps passer. Qu’on se le dise, c’est quand on travaille que ça arrive le plus souvent ! Mais nous vivons aussi ce type d’expérience lors d’actions purement plaisir (faire l’amour ou prendre un verre avec ses ami·es) ou lors d’activités sportives. L’essentiel est d’identifier les moments qui nous mettent dans cet état « d’expérience optimale » pour avoir l’énergie de faire les tâches plus rébarbatives. Les états « d’expérience optimale » fonctionnent comme un « emmagasinement » d’énergie pour affronter les autres tâches qu’on ne prend pas plaisir à accomplir (des tâches professionnelles mais aussi personnelles comme faire le ménage ou faire des courses!). Il est donc indispensable de veiller à l’équilibre entre les deux.
Pensez-y la prochaine fois que votre chef·fe vous coince au boulot alors que vous avez sport !
« Les autres » comptent L’espèce humaine est une espèce sociale. Lorsqu’un bébé nait, il faut une personne (ou plusieurs !) pour s’en occuper. Les hommes et les femmes sont ainsi sensibles à la manière dont l’autre les regarde. Si une personne nous trouve formidable, on se sent formidable. Si une personne nous trouve minable, on se sent minable. Dans un monde idéal, il faudrait que les parents voient leurs enfants comme des personnes formidables, que les professeur·es regardent leurs élèves comme des personnes formidables et que les patron·nes regardent leurs salarié·es comme des personnes formidables… Force est de constater que nous n’y sommes pas !
Nous ne pouvons pas contrôler ce que les gens pensent de nous mais nous pouvons contrôler à qui l’on parle, et de quoi l’on parle. C’est pourquoi il est indispensable de bien s’entourer. Il faut
choisir la bonne personne pour parler de certains sujets, pour qu’il y ait un accueil positif de nos projets. Par exemple, parlez de votre souhait de créer votre entreprise à quelqu’un·e qui va être avec vous dans ce projet, qui va vous encourager, et non quelqu’un·e qui va vous décourager car cette même personne a peur du risque. Ce système de feed-back, de « reflet » permet de trouver le
courage de faire les choses qui nous font grandir. La clé est de s’entourer de bonnes personnes, positives, et qui nous voient plus grand·e que nous sommes. C’est ce qu’on peut définir comme notre « garde rapprochée ».
Notre cerveau est attiré par le négatif, c’est normal, mais ce n’est pas une raison pour le laisser faire ! Florence Servan- Shreiber a par exemple constitué un Groupe de Progrès (GDP) où les
personnes participantes ne parlent que de réussites. Cette démarche permet de déployer de l’optimisme et d’avoir le courage de recommencer en se sachant bien entouré·e.
Si vous souhaitez aller plus loin :
– 3 Kifs par jour de Florence Servan-Schreiber (Marabout)
– Power Patate de Florence Servan-Schreiber (Marabout)
– La Fabrique à kifs (pièce de théâtre) avec Florence Servan-Schreiber, Audrey Akoun et
Isabelle Pailleau
– TedX : le pouvoir de la gratitude : https://www.youtube.com/watch?v=nZUfJpVxUNI
– https://www.viacharacter.org/www/Character-Strengths-Survey